Jour 21 : Haute pression & passion poisson

Vendredi 23 juin 2023

L’interview réalisée par Camille Crosnier pour l’émission la Terre au carré sur France Inter est disponible à l’écoute ! Nos scientifiques présentent APERO et reviennent sur l’enjeu de la recherche, l’interdisciplinarité à bord et sur la vague de chaleur qui traverse l’Atlantique nord…

A bord du Pourquoi Pas?

Dès minuit, le navire était en place sur sa nouvelle super-station! Le travail y a donc rapidement commencé, permis par un temps légèrement amélioré. Les opérations de mise à l’eau sont possibles mais elles ont nécessité un peu plus de précautions.

Chaque début de station est marqué par la mise à l’eau de la ligne instrumentée et du TZEX (Twilight Zone EXplorer) qu’on appelle aussi Sediment Float. Une mise à l’eau un peu moins facile pour les 25 instruments de la ligne (longue de 1000 mètres!) dans une mer plutôt animée, mais l’opération a été un succès. La décision avait été longuement étudiée par le commandant et l’équipe de la ligne dérivante. Cette fois ci, la station pourrait durer 5 jours plutôt que 3 en raison des conditions météorologiques incertaines.

Vous vous rappelez de l’intérêt pour la dégradation des pelotes fécales et de leur microbiologie évoqué hier? On y retourne pour la suite de la manipulation…

Après avoir obtenu de belles pelotes fécales grâce aux organismes planctoniques échantillonnés par les filets, il est temps de passer à l’étape suivante : les étudier au cours d’une simulation de chute en conditions in situ.

Place à la manip SINPAPERO, pour SINking PArticles experiment during the APERO cruise.

© Image Tristan Biard
© Image Tristan Biard

Les pelotes fécales et les micro-organismes associés sont transvasés dans des bouteilles hyperbares pouvant supporter de grandes variations de pression.

Pour recréer les conditions d’une chute par gravité dans les profondeurs, les paramètres environnementaux de l’échantillon sont modifiés tout au long de l’expérience : baisse de la température et augmentation linéaire de la pression hydrostatique…

Leur chute est simulée depuis -150m jusqu’à -1000m, c’est à dire que l’échantillon dans la bouteille est soumis à une variation de pression de 15 bars à 100 bars! Pour rappel, la pression atmosphérique ressentie sur terre est de 1 bar (poids de la colonne d’air au dessus de nous), 100 bars c’est 100 fois plus (poids de 1000 mètres de colonne d’eau)! Cette descente en pression va s’effectuer au rythme de 240m par jour.

Comme dans chaque expérience, il faut un témoin. Ici, l’opération est répétée dans des bouteilles en conditions atmosphériques qui serviront de point de comparaison.

Nous reviendrons à cette manipulation en fin de simulation!

© Image Tristan Biard

A bord du Thalassa

La météo est plus mauvaise du côté du Thalassa et de nombreuses opérations sont suspendues, mais l’étude des animaux échantillonnés se poursuit! On vous emmène découvrir quelques uns d’entre eux…

Eurypharynx pelecanoides

Aussi appelé grandgousier-pelican, ce poisson est caractérisé par ce qu’il y a de plus visible chez lui : la bouche. Sa mâchoire inférieure est très allongée et particulièrement extensible… elle lui permet de capturer des proies plus grandes que lui – un avantage considérable pour se nourrir!

© Image Séverine Martini
© IRD Gildas Roudaut

Melanocetus johnsoni

La baudroie de Johnson est connue pour son apparence impressionnante et pour sa lanterne bioluminescente. Cette poche suspendue est appelée esca, elle contient des bactéries bioluminescentes qui vivent en symbiose avec le poisson et dont la lumière attire des proies jusqu’à la gueule de l’animal! Encore un avantage original pour se nourrir dans l’obscurité des profondeurs (Les rôles attribués à la bioluminescence sont des hypothèses en cours d’étude). Quant à son physique impressionnant, il est en réalité relativement petit… ce specimen ne fait pas plus de 10 cm!

Retour en haut